26 septembre 2012

Far West'12 - day 3, Montgomery Field > Merced

- Day 3 (lundi 27 août)



Et me voilà de nouveau sur le parking de Montgomery Field, sous un beau ciel californien. Malgré mes lunettes de soleil, je plisse les yeux dans les reflets du soleil. C'est ma première visite prévol de N21019 cette année, et je la fais consciencieusement, avec la checklist à la main.
Aujourd'hui, nous allons à Yosemite. Ou plutôt, à Mariposa, une ville située à une petite heure de route du parc, et où nous avons réserve trois nuits dans un motel recommandé par Vincent. Et pour être tout à fait précis, nous allons nous poser à Merced : à Mariposa il n'y a plus de voitures de location, ce qui nous a obligé à nous rabattre sur cet aéroport plus éloigné, mais mieux approvisionné en véhicules.

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La route choisie est classique, si on peut dire.
Nous décollons de Montgomery Field vers l'ouest et tournons vers le nord au dessus du mont Soledad, auquel s'accroche mollement le seul nuage de la région. A partir de là, on longe tranquillement la côte Pacifique en flight following.


Un peu avant le VOR d'Oceanside, le contrôleur nous avertit que la zone restreinte R2503 est active. Pour m'assurer de ne pas la survoler, j'oblique légèrement à gauche, au dessus de l'océan, et nous avons le plaisir d'assister à l'exercice militaire qui a activé la zone : de gros navires gris sont immobiles au larges, survolés par plusieurs hélicoptères, et des bateaux rapides déchirent le bleu de la mer avec leurs traînes d'écumes, sans doute chargés de forces spéciales au visages camouflés.
Pour une fois, la notion de "zone restreinte active" est très concrète !


Quelques dizaines de minutes plus tard, nous arrivons au dessus de Los Angeles, une mer de béton gris en regard du bleu profond de l'océan Pacifique.
Et nous survolons l'aéroport international de Los Angeles, en traversant la classe B via la special flight rules area. Comme je disais, un vol classique... Mais quand même, se retrouver en Cessna à 4500 pieds au dessus de ces quatre pistes gigantesques, encombrées de gros liners qui décollent et atterrissent sans arrêt, ça ne devient pas routinier facilement !


La ville disparaît, laissant progressivement la place à des collines pelées qui s'élèvent, puis redescendent sur la vallée de San Joaquin. C'est dans cette étendue plate où les cultures forment de vastes damiers verts au milieu d'une lande jaunâtre que nous nous arrêtons pour faire le plein, se dégourdir les jambes, et manger un morceau. Nous avons choisi l'aérodrome de Delano, un peu au hasard : il s'avére un excellent choix, avec en plus du self-serve syndical, des tables de picnic ombragées, des ordinateurs connectés, et des vraies toilettes. Beaucoup mieux que mon Shafter-Minter habituel.


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En repartant de Delano, il ne reste plus qu'une heure et demi de vol jusqu'à Merced. Ce qui n'est pas plus mal, parce que le Hertz, qui nous attends avec la voiture, ferme à 18h. Et la journée avance. On arrive juste dans les temps.
Une fois la voiture récupérée et les bagages transbordés, il reste une petite heure de route pour rallier Mariposa. C'est Delphine qui conduit la Kia Forte, et je me contente d'admirer ces collines oranges qui ondulent dans la lumière déclinante du soleil couchant. Je les ai survolé à de nombreuses occasions, mais c'est la première fois que je les vois du sol.



20 septembre 2012

Far West'12 - days 1 & 2, arrivée à San Diego



Il a bien commencé, ce Far West...
Il a commencé, en fait, par 5 heures d'attente dans la salle d'embarquement du terminal 1 de Roissy, le temps que les techniciens de United trouvent une fuite hydraulique, apparemment élusive, sur notre Boeing 767. Evidemment, nous avons manqué la correspondance prévue à Houston, et avons tout juste attrapé le dernier vol Houston-San Diego de la journée.
Ce n'est qu'un peu avant minuit que nous avons enfin atteint le confort de la chambre du Hyatt, épuisés mais contents d'êtres arrivés.

Les vacances pouvaient commencer !


Day 1 (samedi 25 août)



En fait, oublions les 5 heures de retard et l'arrivée à minuit. On va plutôt dire que le Far West a commencé le lendemain, quand nous sommes monté dans le taxi qui nous a emmené chez Gibbs.
Ce premier jour à San Diego a été largement consacré aux formalités aéronautiques. D'abord, la ré-inscription chez Plus One Flyers (l'aéroclub où nous avons loué un avion), l'occasion de discuter en anglais avec le très sympathique Barron, membership officer de Plus One. Suivi par un vol de BFR et checkout pour me remettre dans le bain. Brian, un instructeur que je ne connaissais pas, avec qui j'ai passé un excellent moment, m'a emmené faire quelques tours de pistes à Ramona, et divers exercices de maniabilité typiques du pragmatisme américain.


Après tout ça, j'ai pu retrouver Delphine qui m'attendait patiemment en bouquinant des guides touristiques sur le sud-ouest américain. Un saut chez Marv Golden, la boutique de pilotes locale, pour acheter les cartes, l'AFD, un nécessaire de nettoyage de pare-brise, et un petit cadeau pour moi ; et nous étions parés pour le départ.

Day 2 (dimanche 26 août)


Avant le départ, quand même, nous nous sommes offert une journée libre à San Diego.
Levés à 6 heures du matin (jet lag), nous avons commencé par un footing sur le port de plaisance derrière le Hyatt, et un petit déjeuner sur une terrasse ensoleillée du Seaport Village avec vue sur la baie.
Et puis nous sommes allés nous balader à Balboa Park, un grand parc accolé au zoo de San Diego, dans lequel sont regroupés de nombreux musées et jardins où il fait bon déambuler. Il s'y tenait aussi un concert d'orgue (un orgue d'église, avec des grands tuyaux en cuivre) en plein air, une expérience intéressante.
Pour finir, nous avons bullé une petite heure au bord de la piscine du Hyatt.

Footing sous le USS Midway, musée flottant.

Greek yogurt au Seaport Village.


Vieilles voitures au Seaport Village.

Concert d'orgue en plein air, à Balboa Park.

Balboa Park, Veteran Memorial.

Vue sur la piscine du Hyatt.

Ah, aussi, évidemment, il a fallu passer un peu de temps à préparer le vol du lendemain. Parce le lendemain, ça allait être (encore) le vrai commencement de Far West 2012 !

19 septembre 2012

Far West'12 - en résumé


1600 nautiques, 19 heures de vol, 6 hôtels, 5 piscines, 6 voitures de location, 1 déroutement, une dizaine de burgers, une ou deux livres de beef jerky, 40 minutes de footing... Des températures écrasantes, des orages, des cactus, des aéroports internationaux, des volcans, des canyons, des sequoias, des ours, des écureuils, des couchers de soleil... Des casinos, des pourboires, une plage sur le Pacifique, des lacets dans la Sierra Nevada...

Comme après chaque aventure au Far West, l'atterrissage à Paris est dur. J'ai cette impression confuse de me réveiller d'un rêve incroyable - impression renforcée par la fatigue des quinze heures de vol + neuf heures de décalage horaire encaissées au retour. Et comme après un beau rêve, j'ai un sentiment mi-figue mi-raisin où la tristesse que ça soit déjà terminé se diffuse subtilement dans le bonheur des souvenirs accumulés. Et des souvenirs, ce n'est pas ce qui manque. Dans la tête bien sûr, mais aussi en photo et en vidéo (oh ! tellement de photos et de vidéos !).

Alors, qu'avons nous exploré pendant les treize jours de ce Far West, le deuxième pour Delphine et le quatrième pour moi ? Eh bien, en résumé...

Carte du trajet (cliquer pour agrandir).




Los Angeles.

Chargement des bagages dans la voiture à Merced.

Panorama classique de la vallée de Yosemite.

Sequoias à Mariposa Grove.

Las Vegas.


Le Grand Canyon.

 Monument Valley.

Sunset Crater, à Flagstaff.

Vue de la terrasse du nouveau restaurant de l'aéroport à Sedona.

Cactus à Boynton Canyon, Sedona.

Imperial Beach, près de San Diego.

San Diego, vue du Hyatt.


Et plein d'autres choses !

10 septembre 2012

Far West'12 - September Thunder


On connaissait déjà le May Gray et le June Gloom. Les californiens utilisent ces appellations imagées pour décrire la météo typique de la fin du printemps sur la côte Pacifique en Californie du sud : plafonds bas, brume le matin, températures fraîches. C'est pas terrible pour voler, mais comme en quelques mille nautiques vers l'est on rejoint un soleil radieux, il suffit d'une éclaircie pour s'échapper et être tranquille pour le reste d'un Far West.

Cette année, ça a été grosso modo le contraire. La côte Pacifique était quasiment sans nuage, au point que je me demande si on aurait pas du tenter Half Moon Bay (un terrain près de San Francisco réputé pour être toujours dans le brouillard). Dans les déserts du Nevada et de l'Arizona par contre...

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Courte finale à Mojave.

Ça a commencé lors du vol entre Merced (Yosemite) et Las Vegas. La première étape, en descendant la vallée de San Joaquin jusqu'à Bakersfield, s'est déroulée sous le même ciel limpide qui nous accompagnait depuis le début. Les premiers nuages sont apparus lorsque nous avons débouché sur le désert de Mojave, de l'autre coté de la Sierra Nevada.
Sur le parking de l'aéroport de Mojave, après avoir fait le plein au self-serve, j'ai pu observer des barres de towering cumuluses qui fermaient l'horizon à l'est et au nord-est, s'élevant même parfois en impressionnants cumulonimbus. Les informations météos glanées sur l'ordinateur du FBO confirmaient la présence d'orages isolés dans le désert, particulièrement au niveau de Barstow, c'est à dire en plein sur la route prévue. Las Vegas, la destination, étant quant à lui encore clair.
Après une discussion avec moi-même, j'ai décidé de décoller et de voir à quoi ça ressemblait en l'air : de toutes façons, il allait falloir contourner la zone restreinte d'Edwards par le sud avant de repartir vers le nord-est, on allait voir si cela permettrait aussi de passer autour des orages.
Avant même de décoller, j'ai pu sentir les effets des cunimbs : le contrôleur de Mojave me fait rouler pour la piste 30 alors que la manche à air semble être quasiment pour l'opposée, et après discussion à la radio me fait finalement décoller en 26. Le vent est, comme a dit le pilote qui est parti juste avant, all over the place.

Carte météo du vol Mojave > Las Vegas.

Comme on peut voir sur ma belle carte, le contournement a été possible, mais a été beaucoup plus large que prévu. En conséquence, le vol a été assez long (presque 3 heures au lieu des 2 prévues) et stressant : analyse des nuages, choix de trajectoires en fonction du relief, suivi du carburant et de l'autonomie, identification des déroutements possibles... Heureusement qu'il y avait l'autopilote et le GPS, et bien entendu le flight following qui est inestimable - même si à chaque changement de fréquence, le nouveau contrôleur me demandait de confirmer ma destination, tant je volais rarement en direction de Las Vegas.
Mon stress a apparemment débordé sur Delphine, qui m'a dit (après être arrivés) qu'elle avait été inquiète par moments. Un autre aspect de mon pilotage qu'il faudra travailler.

Quelque part entre les montagnes et les nuages.

Au sud de Barstow, j'ai décidé de passer entre deux cellules nuageuses qui touchaient le sol, une séquence reminiscente de 2008 : regards en arrière pour vérifier si çà ne se ferme pas, pluie sur le pare brise, analyse des rayons de soleil discernables devant... Après ça, l'arrivée sur le gros terrain de McCarran, qui m'inquiétait a priori, a été presque reposante - même si j'ai eu du mal à comprendre le over the numbers 25 demandé à la radio par la contrôleuse.

Finale 19R à McCarran, toujours un grand moment.

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A partir de là, on a eu des orages tous les après-midi, avec des QNH dépassant les 3030 inhg (1025 hpa) et des température frôlant les 40°C. J'ai décidé unilatéralement d’appeler ça le September Thunder. Nous avons pris l'habitude de ne voler que le matin : en prévoyant d'arriver à destination avant midi (13h au plus) on pouvait généralement s'en tirer sans problème.

Sauf le jour où nous sommes allé survoler Monument Valley au départ de Flagstaff.
Après ce grand local de deux heures, c'est le contrôleur d'Albuquerque, qui gérait mon flight following, qui m'a averti le premier : l'aéroport de Flagstaff, notre destination, était en plein sous un orage. Une écoute rapide de l'ATIS l'a confirmé, et bientôt aussi, la vue des nuages noirs accrochés sur le sommet de la San Francisco Mountain.  En continuant de se rapprocher, on s'est trouvés sous une chape sombre qui, devant et sur notre droite, descendait jusqu'au sol, une muraille zébrée d'éclairs. Cette fois-ci, j'ai assez vite décidé qu'il ne serait pas possible d'aller à Flagstaff, et me suis dérouté vers l'est, sur notre gauche où le ciel était plus clément, et où la highway 180 nous amenait à l'aéroport de Winslow - un terrain que je ne connaissait pas, mais qui avait l'air suffisamment accueillant sur la carte.


Ce choix de déroutement s'est avéré médiocre : FBO déserté (j'ai appris plus tard que la seule employée s'était tordue la cheville la veille), pas de réception téléphonique, pas d'internet, trop loin de Flagstaff pour avoir l'ATIS par radio. On a au moins pu y faire le plein d'essence et manger nos sandwiches, mais l'analyse météo a du se limiter à scruter l'horizon avec la main en visière (ça et l'ASOS de Winslow nous donnait du lightning in the distance, west throught north-west).

Après une petite heure à Winslow, et "au scrutage" l'impression que les orages se déplaçaient vers le nord-ouest, nous somme repartis, pour y voir plus clair. Au moins pour pouvoir obtenir un ATIS et contacter Albuquerque. Il s'est avéré que Flagstaff était effectivement libéré de l'orage, et nous avons pu le rejoindre en une vingtaine de minutes.

Flagstaff au retour. C'est toujours pas grand soleil.

Encore une fois, un vol stressant, mais formateur. Le choix du déroutement, s'il n'est jamais une mauvaise décision, n'est pourtant jamais facile.

Malgré le retard, nous avons pu profiter de la fin de la journée au sol, en visitant Sunset Crater et Wupatki National Monument. Sous la pluie.


Sunset Crater plus tard dans la journée. D'autres orages grondent au loin.